Quand l’hyperacousie fait du bruit.

« Approchez, Approchez, je vais vous  murmurer à l’oreille...

Je  ne suis ni folle, ni japonaise et pourtant tous les jours je vis des tremblements de terre. Une goutte d’eau qui perle c’est comme un marteau qui me perce la tête ,un rire comme une tempête en colère, ça me prend la tête ! Une poussette qui roule comme un séisme qui pointe son nez, la porte qui s’ouvre comme le plafond qui me tombe  sur la tête et celle qui claque comme un tsunami qui m’emporte….loin !

Pourquoi,  me –suis-je levée ce matin dans ce monde  que je ne reconnais plus comme mien ?

Cet univers sonore n’est pas sans danger et surtout plus adapté pour ceux qui comme moi ont l’oreille cassée.

Ces sons qui m’agressent qui rentrent sans cesse, sans permission pour venir frapper mon corps : je stresse. Cette oreille qui me délaisse, envie d’un appel en SOS  pour ce corps en détresse, Ces bruits qui le transpercent dans toute son intimité, quelle tristesse. Sentiment d’intrusion violente, mon agresseur vient de pénétrer mon conduit auditif c’était un viol acoustique. Des douleurs physiques, des irritations psychiques mais pas de psy pour libérer cette souffrance post traumatique.

Sortir dehors sans protection, c’est comme me retrouver  nue, sans vêtements. Dévisager par des regards intrusifs sur ce corps normalement si intime, mes oreilles si fragiles, imperceptiblement  nus, exposées, explosées.

 « Sors couverts » j’ai fait mienne cette expression après tant de viol  dans mon intimité sonore.

Ces sons qui me tétanisent. Nu comme un ver et sans défense, je ne bouge plus, prise au piège par ces bruits qui m’encerclent. Quelle hantise ! Ils m’entourent sans jamais s'en lasser, ma tête tourne, étourdit jusqu’à ce qu’il cesse, drôle de tour jamais ils ne s'arrêtent J’aimerai avoir une manette, pouvoir contrôler ce qui m’arrive et appuyer sur le bouton STOP : danger. Arrêt sur images ou plutôt arrêt sur sons.

J’espère que je ne vous ai pas saoulé aux mots à défaut que vous puissiez être saoulés aux sons. Sachez que l’HYPERACOUSIE ne peut pas rester sous  silence. Alors, je vous prie d’ applaudir en silence».

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